Qu’est-ce que la transition funéraire ?

Martin Julier-Costes : La transition funéraire englobe tout ce qui peut être fait pour aller vers des pratiques funéraires plus écologiques. Elle questionne plusieurs aspects de nos pratiques actuelles comme l’utilité du cercueil ou des soins de conservation des corps et leur impact environnemental. Elle intègre aussi une réflexion sur les nouveaux procédés techniques de réduction des corps – aquamation et terramation – qui pourraient être une troisième voie possible à la crémation et l’inhumation, seuls modes de sépultures autorisés aujourd’hui en France.

La journée nationale des transitions funéraires aura comme fil conducteur la terramation : en quoi consiste cette pratique ?

Elle consiste à transformer le corps humain en humus fertile par un procédé similaire au compostage des matières organiques. Plusieurs techniques existent : le compostage hors-sol, en pleine terre ou à la surface de la terre. Dans ce dernier procédé appelé humusation, le défunt est déposé sur un lit de broyat, de fragments de végétaux et de copeaux de bois, puis recouvert de ce même mélange. L’enjeu est d’accélérer la décomposition du corps. Seuls restent les os qui sont récupérés pour être broyés, comme c’est le cas pour la crémation.

La terramation renvoie à l’imaginaire du retour à la terre et à la question de l’utilité du corps mort pour régénérer le vivant. Cette pratique est autorisée dans certains États américains, au Canada et depuis 2024, dans un länder allemand. En France, des associations comme Humusation France et Humo Sapiens agissent pour faire connaître ce procédé. Cette dernière participe d’ailleurs à un projet de recherche sur le sujet porté par des chercheurs du CNRS et des universités de Lille et de Bordeaux.

Quelles interrogations la terramation soulève-t-elle ?

Comme les autres procédés émergents, la terramation pose de nombreuses questions techniques, logistiques, juridiques, mais aussi culturelles et symboliques. D’autant qu’il n’existe pas d’études scientifiques probantes sur le sujet. Ni d’ailleurs sur l’impact environnemental de l’inhumation et de la crémation sur le sol, l’air ou encore le cycle de l’eau. Tout est à documenter scientifiquement. On est vraiment au début de la réflexion et c’est un processus qui prend du temps.

Quels est l’objectif de la journée du 12 décembre ?

Cette journée vise à partager les connaissances actuelles sur la terramation et à voir quels enjeux elle représente. L’ambition est de recueillir la parole des acteurs présents (professionnels du funéraire, politiques, chercheurs, associations et représentants des cultes) et d’instaurer le dialogue entre tous pour que des initiatives puissent naître, tout d’abord dans le cadre de la loi existante, puis éventuellement aller plus loin dans l’expérimentation.

_{* Pompes funèbres intercommunales de la région grenobloise}